24 févr. 2009

Danse macabre au Liban


Entre cauchemar et réalité, film d’animation et documentaire, Valse avec Bachir est un film déroutant qui revient sur l’horreur de la guerre au Liban.

Dans ce film autobiographique, Ari Folman, cinéaste israélien, fouille dans ses propres souvenirs pour se remémorer la guerre qui a marqué ses vingt ans au début des années 80. C’est une rencontre avec un de ses amis en pleine nuit dans un bar qui déclenche cette course à l’introspection. En proie à des cauchemars récurrents, l’homme lui raconte la peur qui l’envahit chaque nuit lorsqu’il est attaqué par une meute de 26 chiens. Ces 26 chiens renvoient en réalité à ceux qu’il avait dû tuer pendant la guerre au Liban. Dès lors, Ari se rend compte qu’il n’a plus aucun souvenir de cette guerre. Pourtant, le lendemain, une image vient hanter sa mémoire. Il se voit aux côtés de deux jeunes soldats israéliens, sortant de la mer devant la ville de Beyrouth. Il ressent à ce moment-là un besoin vital de recouvrer la mémoire et de comprendre ce qu’il a vécu durant cette guerre. Il va alors mener son enquête et aller à la rencontre d’anciens compagnons d’arme.

Dans cette quête au souvenir, la poésie côtoie l’horreur. Rythmées au son des plus grands tubes des années 80, les scènes de guerre surprennent. Elles mettent en scène de jeunes soldats tirant dans le vide, n’allant nulle part sur leur tank et se faisant abattre sauvagement par l’ennemi. Le film est habité en permanence par cette dialectique entre l’onirisme et le cauchemar. Elle reflète la perte de repères dont souffre le héros qui cherche sans cesse à connaître la réalité des actes qu’il a lui-même commis pendant ce conflit. À travers le dessin et l’animation, Ari Folman aborde des thèmes graves comme celui de l’absurdité de la guerre. Il rend l’horreur supportable mais n’adoucit pas pour autant les témoignages réels des anciens soldats israéliens. Plus qu’un film sur la guerre au Liban, Valse avec Bachir est un véritable document psychanalytique. Ari Folman fait sa propre thérapie à travers la mise en scène de son propre personnage. Incontestable réussite esthétique, Valse avec Bachir donne à voir la guerre comme elle est rarement filmée et époustoufle chaque fois qu’une image refait surface dans la mémoire du cinéaste.

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